Attaque à droite... Esquive... Feinte à gauche... Frappe la droite à nouveau... Esquive... Roule sur le côté... Debout... Transperce le dos. L'automate tomba devant moi et n'effectua plus un seul mouvement. C'était le dernier de la demi-douzaine que j'avais activée pour m'entraîner. Et ils étaient tous tombés au combat, quelques peu endommagés certes, mais tout à fait réparables. Les "Héphaïstos" avaient vraiment fait du bon travail avec ces robots. Ils ne remplaçaient pas un adversaire réel (et ne le feront sans doute jamais), mais ils étaient plus efficaces que les mannequins de bois et de paille afin de tester ses techniques d'attaques, la majorité de ces robots étant programmée pour protéger leurs points vitaux. Mais j'en avais marre de me battre contre des robots, j'avais envie d'un vrai combat.

Je regardais autour de moi. Quelques "Athéna", deux ou trois "Apollon", quelques "Aphrodite" dans les gradins... Oh et quelques "Hermès" aussi, mais personne ne représentant un réel défi. Alors, se sera d'autres automates... J'eus une légère pensée pour ceux du bungalow 9 qui allaient devoir réparer tout ça et ris un peu en imaginant la tête qu'allais faire Jake en voyant ce carnage. Sérieusement, je les plains ceux là. Je me dirigeais lentement vers les estrades pour prendre une bouteille d'eau avant de retourner à l'entrainement. Alors que je prenais une gorgée, j'aperçus Jill Taka confortablement assise avec son sac de chips, occupée à manger en regardant les combats. La fille d'Arès était une vraie furie sur un champ de bataille. Une adversaire hors pair. Je doutais de pouvoir arriver à la vaincre si je me battais contre elle, mais j'avais besoin d'un défi. Et Jill était la seule à arriver à m'envoyer au tapis plus de deux fois d'affilées.

Je m'avançais vers elle, juste pour aller lui parler. Nous ne nous étions jamais vraiment vu en dehors des entraînements. On se croisait lors des repas et le soir, parfois, en rentrant à nos bungalows pour la nuit, mais rien de plus. Je ne la connaissais pas vraiment, mais son tempérament me laissait à croire que, soit on serait de super amis, soit ce serait la guerre... Et je n'avais pas vraiment envie d'avoir cette fille comme ennemie.

- Salut Jill ! Ça va ?

Je pris place à ces côtés. Simplement pour reprendre mon souffle, Si elle voulait que je m'éloigne, elle me le dira bien.

Toute ma vie n’avait été qu’un immense entrainement. Je comprenais ceux qui étaient ici, à espérer pouvoir sortir un jour, voir le monde et faire leurs preuves. J’avais moi aussi longtemps rêvé à l’extérieur de la colonie.  J’avais espéré et attendu l’arrivée de celui qui pourrais me faire sortir d’ici. Et en attendant, je m’entrainais.  J’avais fait et refait un nombre incalculable de fois tous se qu’il était possible de faire ici. J’avais tellement parcouru les bois que je savais presque par cœur où les monstres avaient l’habitude de se cacher, ou on pouvait en trouver des plus forts que d’autres. Je connaissais également leurs techniques d’attaque, de défenses, leurs points faibles, tout sur tout. Et faute de pouvoir voir le monde de mes yeux, je le parcourais à travers les livres.  Jusqu’à Percy, ma vie au camp n’avait été qu’entrainement et lecture.  Puis il était venu, et avec lui j’ai pu faire mes preuves. J’avais eu ma chance alors que la plupart de ceux présents ici n’attendaient que la leur, qui ne viendrait peut-être jamais…  

Mais voilà que j’étais de retour à la case départ. J’étais à nouveau coincée ici, à m’entrainer sans relâche rêvant du jour où je pourrais a nouveau sortir des limites, mais cette fois pour le retrouver.  Penser à Percy na faisait mal, mais moins qu’avant, car il était capable de se débrouiller seul (du moins je l’espérais) et je m’étais aperçue que si je ne faisais rien ici, jamais je ne pourrais le retrouver.  Alors j’avais repris ma vie d’avant, rêvant du jour ou il reviendrait et où l’on pourrait à nouveau sauver le monde tout les deux, comme la première fois.

« Salut Annabeth, ça va bien et toi ? Pas trop épuisée ? »

Je pris le temps de reprendre mon souffle avant de répondre à Jill, qui avait momentanément quitté mes pensées alors qu’elle était juste à côté de moi. Je n’étais pas totalement épuisée, mais je n’étais pas au plu haut de ma forme non plus.  J’aurais pu lui répondre qu’en effet, j’étais un peu vidée de mon énergie, mais mon orgueil m’en empêchait.  Au final, je pris un ton détaché pour lui répondre :

«  Je vais bien aussi. Mais ne te fait pas d’illusion quant au fait que je sois épuisée, les apparences sont souvent trompeuses.  »

La morale de tout ça était vraie. On ne devait jamais se fier à se que voyaient nos yeux. Les pièges étaient dissimulés et nos ennemis pouvaient faire en sorte de paraîtres faibles ou blessés simplement pour mieux pouvoir nous tuer.  Sauf que dans mon cas, aujourd’hui, se qu’elle voyait était vrai.

«Avoues que ses automates on beau être des merveilles, elle ne valent pas un véritable adversaire. »

Je me retournais vers la japonaise pour mieux pouvoir la regarder. Elle avait raison, rien ne valait en vrai combat contre un adversaire imprévisible qui peut se défendre tout aussi bien qu’attaqué.  Mais ces robots étaient de bons adversaires sur bien d’autres points et étaient bien supérieurs à plusieurs véritables adversaires.

« Tout dépend de l’adversaire en question. Les automates ont beau être répétitifs et prévisibles dans leurs mouvements, je préfère de loin m’entraîner avec eux qu’avec une fille d’Aphrodite. »

Dite sur le ton de la plaisanterie, cette phrase n’avait pas de réel but. L’atmosphère n’était pas tendue et avec Jill, on s’entraînaient ou alors on se croisait par hasard dans la colonie. Certes, Jill était de loin plus douée qu’une fille de la déesse de l’amour et elle le savait. Je me demandais bien se qu’elle allait dire, ou faire.

Voyant Jill hausser les épaules avec désinvolture, je me doutais bien qu'elle ne croyait pas que je n'étais pas épuisée. Mais en même temps, je n'avais pas dit que je ne l'était pas non plus, j,avais seulement affirmé qu'il ne fallait pas se fier aux apparences. Arrivant peu à peu à reprendre mon souffle, je fus soulagée de ne plus entendre la respiration légèrement sifflante que j'avais lorsque je m'étais approchée. Je pris à nouveau une petite gorgée d'eau alors que Jill avait l'air ailleurs, comme perdue dans des souvenirs lointains. Ou alors elle était perdue dans des pensées de "comment je vais tabasser la prochaine personne qui me parle", faisait le compte de ceux qu'elle avait déjà vaincu sans trop de problème, à moins qu'elle ne pense à son prochain repas bien qu'elle soit encore en train de manger.

Même si elle était une fille d'Arès, Jill avait quelque chose de différent de ses frères et sœurs. Certes, comme tout les autres enfants du dieux de la guerre, elle aimait se battre et s'emportait facilement, mais elle avait aussi une passion implacable pour la nourriture et un côté assez humoristique quand elle le voulait. Du moins, c'est se que j'avais cru remarqué. Avec un léger soupir, elle engouffra une nouvelle poignée de chips avant de rire légèrement à mes propos. Je ne fus pas vraiment surprise quand elle me répondit avec sa franchise habituelle. J'avais déjà eu vent de certains propos disant que Jill disait tout se qu'elle avait à dire, peu importe si cela était méchant ou pouvait blesser quelqu'un. Mais c'était bien connu, la japonaise était une fille un peu dure dans son attitudes, elle ne se laissait pas marcher sur les pieds et, comme sa fratrie, elle réagissait fortement quand on la provoquais. Les enfants d'Arès n'était pas vraiment les demi-dieux que les gens veulent avoir dans leurs ennemis.

- Je suis bien d'accord, je préfère largement affronté un automate qu'une fille d'Aphrodite... Déjà, rien que quand on vois leur mère, on peut se demander pourquoi ces sang-mêlés sont ici... Je suis presque sûre que de toutes façons elles ne seraient pas les première cible des monstres à l'extérieur de la colonie... Et passé ses journées à se brosser les cheveux en parlant des dernières modes c'est pas un passe temps de demi-dieu ça...

Je ris à mon tour. Effectivement, ces demi-dieux sortaient du lot avec leurs manières raffinées et leurs obsession pour la mode et la beauté. Elles se plaisant également à faire des couples à l'intérieur de la colonie et à les briser par la suite, se que je trouvais totalement débile. Mais elles avaient de qui retenir, leur mère n'étant pas vraiment mieux. Je crois que Jill et moi nous entendions bien sur se point, Aphrodite était sans aucun doute une déesse que nous n'étions pas capable de supporter. Surtout que la déesse de l'amour faisait de plus en plus de caprices ces derniers temps. Je me serait moi même fait un plaisir de la remettre à sa place, mais je ne voulais pas vraiment m'attiré les foudres d'une autre déesse, j'en avait déjà bien assez avec Héra sur le dos, si jamais je devais attisé la colère d'Aphrodite encore plus, je n'était pas près d'avoir un moment de répis. Tout en réfléchissant, je voulu prendre une nouvelle gorgée d'eau, mais je m'aperçue que ma bouteille était vide. Je regarda donc la japonaise à côté de moi.

- Elles n'agissent effectivement pas comme les autres demi-dieux. Mais je ne suis pas convaincue que les monstres font vraiment attention au parent divin d'un demi-dieux quand ils attaquent et elles ont quand même une aura qui attirent les monstres. Je dirais plus que ces derniers n'auront pas trop de difficulté à en faire disparaître quelques unes. En même temps, on ne sait jamais à quoi s'attendre et peut-être faisons nous une erreur en les sous-estimant. Il n'en reste pas moins qu'en voyant leur mère, je ne suis pas surprise de voir comment elle passent leurs journées...

Je préférais me taire plutôt que de continué ce monologue pesant les pour et les contres de l'attitude des pensionnaires du bungalow 10. Après tout, quand nous avions eu besoin d'elles (et d'eux), nous avions pu compter sur leur présence et leur aide. J'avais la bouche sèche à force de parler et qu'elle ne fut pas ma surprise quand Jill attrapa une bouteille d'eau et en pris une gorgée avant de me la passer. J'attrapais ladite bouteille en remerciant la japonaise à mes côtés avant d'en prendre une gorgée à mon tour. On m'avais souvent décris Jill comme une fille violente, mais elle pouvait être très gentille quand elle voulait...

Levant les yeux au ciel, je repensais aux services que les enfants d'Aphrodite m'avaient rendus, aux amis que j'avais dans ceux bungalow et à ceux que j'avais perdu lors de la dernière guerre contre les titans. Cette guerre contre Cronos avait été affreuse, mais elle nous avaient rapprochés les uns des autres. Aujourd'hui, je savais que, plus que jamais, je pouvais faire confiance à ceux et celles qui était dans ce camp. Mais nous avions tous été dévastés par les pertes trop nombreuses. Une larme roula lentement sur ma joue au souvenir de tous mes amis qui étaient mort pour protéger l'Olympe. Cette larme, je l’essuya rapidement du revers de la main, espérant secrètement que personne ne m'avais vu. Un simple regard du côté de Jill de rassura, la japonaise avait l'air dans un autre monde. Surement était-elle comme moi, perdue dans des pensées dont seule elle connaîtrait le déroulement. Pour en revenir aux enfant d'Aphrodite, repenser au courage dont ces demi-dieux avaient fait preuve lors de la guerre des Titans, le visage d'une amie me revenait inlassablement en tête. Silena Beauregard avait sacrifié sa vie pour nous permettre de gagner. Elle avait fait un geste des plus courageux en se faisant passer pour Clarisse afin de convaincre les "Arès" de venir nous porter secours alors que nos chances de réussites diminuaient drastiquement. Silena, fille d'Aphrodite, qui avait révolu à jamais la façon dont je voyais les enfants de la déesse de l'amour.

Jill se mit à rires, comme ça, sans raison. Je me retournais vers elle en souriant. Ses pensée devaient être drôles, mais même si je mourrais d'envie de lui demander de quoi il s'agissait, je savais que ça ne me regardais pas. Et puis, elle riait alors que j'avais passer près de fondre en larmes au simple souvenir de mes amis. Je n'avais pas à lui demander quoique se soit. J'avais toujours les yeux rivés sur la fille du dieu de la guerre lorsqu'elle se retourna vers moi, me faisant sursauter légèrement. J'étais effectivement très distraite depuis quelques temps et cette mauvais habitude devait à tout prix passer avant qu'elle ne me fasse du tort. Je me demandais bien se que la japonaise allait me dire et qu'elle ne fut pas ma surprise lorsqu'elle s'exprima.

<< D'ailleurs, t'en pense quoi de ses histoires avec le camps des Romains ? Je sais que ça n'a rien avoir avec ce que je racontais avant, mais vu les tension du moment, je me demandait comment c'était là-bas et comment ils s'en sortaient...>>

Le camp romain, j'écarquillais les yeux. Je ne savais plus quoi penser du Camp Jupiter. Je redoutais cet endroit, je ne savais plus à quoi m'attendre. Et en attendant de trouver le courage d'y mettre les pieds, je préférais ne pas y penser. Percy y était peut-être, mais je ne voulais pas me faire de faux espoirs. Je détournais les regard pour regarder le sol.

<< Je dois avouer que je sais pas vraiment qu'en penser. Les romains et les grecs ne s'aiment pas, à chaque fois que nos deux camps se sont rencontrés ça  dégénéré en guerre civile, comme la guerre de sécession. Alors je crains le pire, mais ils savent surement se débrouiller alors... Désolée, ça ne réponds pas, mais je démêle à peine mes pensées à se sujet... Et toi, tu en penses quoi ? >>

Pourquoi tout devait toujours être aussi compliqué. Comme si la vie, le destin, les dieux se plaisaient à nous voir nous torturer les méninges. Même si dans le cas de nos chères divinités olympiennes, c'était peut-être vrai. Et à force de supplice envers nous-mêmes, ont fini par craquer. Dans mon cas, je n'étais pas loin de craquer. C'était comme si j'étais perdue, seule au beau milieu d'un océan déchaîner qui s'efforçait, vagues après vagues, de me faire sombrer dans ses profondeurs. Et moi, toute petite, je me battais pour garder la tête hors de l'eau, mais une nouvelle fois les flots s'acharnaient à me pousser toujours plus bas. Somme toute, je me noyais peu à peu dans mes pensées et plus je tentais de les ignorer, plus elles revenaient avec forces au moment où je m'y attendais le moins. Mais encore plus que ça, j'avais certaines responsabilités au camp qui commençaient à peser lourdement sur mes épaules.Je repensais à la guerre des Titans, où Percy avait hérité du commandement lors de la bataille finale (et pendant toute la guerre si on peut dire). Maintenant qu'il était parti, plusieurs s'étaient tournées vers moi pour les rassurer. Ils savaient bien que je ferai tout ce qui était en mon pouvoir pour le retrouver. Mais je ne voulais pas avoir à commander qui que ce soit si nous devions nous battre contre les romains et encore moins si nous devions affronter Gaïa. J'avais pourtant la mauvaise impression qu'une partie de l'avenir de la colonie pesait sur mes épaules, que je devais une bonne fois pour toute mettre les choses au clair et prendre les décisions, LA décision, que tout le monde attendait. Mais avant, je devais parler à Chiron...

Heureusement, j'avais des amis sur qui compter et une famille à qui parler, des gens tel que Jill, qui était assise à côté de moi, visiblement déçue par la réponse que je venais de lui fournir quant au camp romain. Je la comprenais, moi-même j'étais déçue de ma réponse et à sa place, je ne l'aurais pas accepté de la sorte. Mais au final, je lui étais reconnaissante de ne pas avoir cherché à en savoir plus. Je ne savais plus si je devais lui parler de ce que je ressentais réellement au fond de moi, que ce soit pour cet endroit ou pour tout le reste... NON ! Je ne pouvais pas lui confier. Je ne pouvais confier ça à personne. Je la regardai donc, écoutant attentivement ce qu'elle disait afin de pouvoir avoir un autre point de vue sur la question "romains".

- Personnellement, j'aimerais bien rencontrer les Romains. Pas que j'en ai marre de toujours affronter les mêmes personnes... Mais oui... La vie à la colonie c'est sympa, mais au bout d'un moment c'est un peu lassant. J'imagine que sur ce point tu ne vas pas me contredire. Donc j'aimerais bien affronter des Romains, je me demande si les enfants de Mars sont d'aussi bons combattants que mes frères et soeurs.

Je ris légèrement. Oui, la vie à la colo pouvait parfois être longue et ennuyeuse, mais on finissait par s'y habituer et surtout, se n'était pas une raison pour aller se mettre dans les ennuis. Ce rire fût ma seule réponse, mais je me disais qu'à coup sûr, si j'allais voir les romains un jour, Jill serait une bonne personne pour m'accompagner. En la retenant d'attaquer la première personne qu'elle rencontrerai, elle pourrait être une alliée remarquable pour une aventure en territoire inconnu.

- Je trouve même ça dommage qu'on ait pas plus de contact que ça avec les Romains... Après tout eux aussi sont des demi-Dieux et ils doivent vivre les mêmes problèmes que nous. À savoir l'hyperactivité et les monstres qui tentent tout le temps de nous attaquer.

Je pris le temps d'analyser avec soin ce qu'elle venait de me dire. Et au fond, elle avait raison, ils étaient comme nous. à bien y penser, ce n'était pas les romains qui me faisaient peur, mais plutôt de revoir Percy. Parce qu'au fond de moi, je savais qu'il était avec eux. Je souris malgré tout à la japonaise tout en acquiesçant à ses propos.

- Je crois qu'ils règlent tout ça autrement, mais ils doivent effectivement affronter quelques petits problèmes du genre. Et même si nous sommes ennemis de nature, il pourrait effectivement être bénéfique pou nous d'avoir plus de contact avec eux. Et puis, qui sait ça pourrait être amusant !

J'avais tout bonnement repris un ton léger. Jill m'avait fait, sans le savoir, réaliser que je devais aller de l'avant. J'allais aller parler à Chiron et j'allais aller voir les romains.