Je suis née un 30 octobre, lors d’une nuit orageuse. Ma mère, Katlyn Thoernso, ne connaissait pas encore la nature de mon père. C’est à l’âge de mes quatre ans qu’elle comprit que je n’étais pas aussi normale qu’elle. Tout d’abord, l’un de mes camarades qui m’avait enfermé dans les toilettes se plaignit pendant une semaine de ne plus rien voir. Ensuite, ma cousine fût emmenée à l’hôpital pour « délires psychotiques » après m’avoir volé ma poupée. L'un de mes oncles se jeta dans la rivière en criant "Je brûle! Je brûle!" parce que je l'avais imaginé avec la même coiffure qu'Hadès dans le film Disney. Suivi d’une centaine de faits similaires, que ce soit ma sœur, la caissière, mes professeurs, un inconnu ou le livreur. Il fallut que j’aie 8 ans pour que mon père apparaisse en chair et en os. Il est venu comme ça, vêtu d’un teeshirt d’adolescent et les cheveux en bataille, comme s’il venait de sortir du lit. « Hey Lahaar, comment ça va ? » M’a-t-il dit, et moi je lui ai sauté au cou. Nous avions longuement discuté, déjà, dans mes rêves, et il me connaissait mieux que quiconque. C’était ça que j’aimais dans les rêves et l’irréel : ils en disaient toujours plus que la réalité. Ma mère, elle, n’a pas semblé le reconnaître et lui a interdit de revenir me voir. À partir de ce moment-là, elle est devenue complètement… Terrifiante. Elle m’empêchait de dormir car elle savait que je rêverais mon père, elle tenta même plusieurs fois de me tuer. La première fois, je n’en gardai que des hématomes. Puis c’est devenu plus intense. Mon père ne revenait pas, comme si notre connexion avait été coupée.
A mes onze ans, ma mère me fit descendre au salon pour mon anniversaire. Elle tenait une bougie, une jolie bougie violette qui sentait les rêves, mais quand elle l’approcha de mon visage, j’ai sû que ce n’était pas une bonne intention de sa part. Mes cheveux commençaient à brûler, je sentais la fumée entrer dans mes poumons et vider peu à peu l'oxygène autour de moi: je savais qu’elle voulait me tuer. Je m’attendais à souffrir quand une force divine repoussa ma mère. Un homme difforme se tenait à la place devant moi et me fixait d’un air malheureux. Je crois qu’il avait pitié de moi. D’un coup de doigt, il brûla le reste de ma mèche et de sa main il enleva les blessures de mon visage. De ces gestes, il m’accordait sa protection. J’étais devenue la protégée d’Héphaïstos, et mes yeux bleus devinrent vairons. Cette marque m’empêche l’attaque de certains monstres, mais me vaut aussi l’intérêt d’autres. C’est une médaille à double tranchant, dit-on, mais ça me plaît. Héphaïstos sait autant s’y prendre avec les gens que moi.
Après, un satyre vint me chercher. Je connaissais déjà le monde grec et mon parent divin : à mon arrivée à la Colonie, j’étais déjà dans le bungalow d’Hypnos sans même passer par la case Hermès. Depuis, je me la coule douce à la Colonie des Sang-Mêlés, parce que j’avoue que mes demi-frères et sœurs sont plus sympas que ma petite sœur, et ma nouvelle famille dépasse de très loin l’ancienne. Je vois mon père dans mes rêves, quant à Héphaïstos, il m’envoie des fois des messages-iris. Ma vie se reconstruit, peu à peu.